10
RETROUVAILLES

Vivant dans l’espoir que le soleil finisse par se montrer, Napashni et Ayarcoutec restèrent cloitrées dans leur maison, ne sortant que pour aller chercher du bois. Elles n’avaient pas vraiment besoin de chasser, puisqu’elles possédaient suffisamment de nourriture pour se sustenter pendant plusieurs jours. Le maïs avait finalement eu un effet apaisant sur la petite, qui se montrait tout à coup plus docile et moins bavarde. « Peut-être qu’elle ajuste vieilli », songea Napashni en l’observant. L’enfant avait retrouvé ses ficelles colorées dans ses affaires et s’employait à y faire des nœuds.

Les Mixilzins ne possédaient pas d’alphabet ni de caractères figuratifs, idéographiques ou phonétiques afin de communiquer entre eux ou de consigner les événements importants de leur passé, comme les autres civilisations qui les entouraient. Cependant, les prêtres avaient inventé un ingénieux système qui leur servait de tableau chronologique de leur histoire. Sur une ceinture de cuir, ils attachaient des cordelettes de différentes longueurs et couleurs sur lesquelles des nœuds variés renfermaient un certain nombre d’informations. Puisqu’elle était la fille d’une prêtresse, Ayarcoutec avait commencé à apprendre cet art occulte dès son tout jeune âge.

— Cette fois, je pense que tu seras capable de comprendre mon message, maman ! s’exclama la jeune guerrière en tendant sa dernière création à Napashni.

Patiemment, la mère examina chaque cordon.

— Tu veux retourner sur les volcans… traduisit-elle pour la taquiner.

— Non ! Ce n’est pas ça du tout !

— Laisse-moi voir… Tu aimerais retrouver ton amie, la fille-poisson.

— Oui !

— Et tu souhaites que Cherrval guérisse rapidement.

— Oui !

— Tu t’es beaucoup améliorée, mon petit rayon de soleil, mais je crains que tu ne revoies plus jamais Shapal. Elle vit dans la mer, et nous sommes apparemment très loin à l’intérieur du continent.

Ayarcoutec se colla contre Napashni.

— Que va-t-il nous arriver si nous ne retrouvons jamais Onyx ? geignit-elle.

— Il finira bien par rentrer chez lui.

— Comment saurons-nous qu’il est dans son château si nous vivons au milieu des bois ?

— Tous les êtres humains ont une odeur.

— Comme les sangliers et les lièvres ?

— Oui, mais plus subtile. Ce n’est pas une senteur qui se perçoit avec le nez.

— Avec les oreilles, donc ?

— Non plus.

— Avec la langue ?

— Non. Avec un organe qui se cache ici.

Napashni posa la main sur la poitrine de sa fille.

— On ressent une curieuse sensation, expliqua-t-elle. Si on prend le temps de l’analyser, on finit par deviner qui a laissé sa trace ou même qui approche de nous.

— Comment sais-tu cela ?

— C’est Onyx qui me l’a appris.

— L’as-tu essayé ?

— Oui, mais je ne suis pas très douée, pour l’instant.

— Si j’allais me cacher dans la forêt, tu serais capable de me retrouver ?

— Sans doute.

— Est-ce que je pourrai y parvenir, moi aussi ?

— Je n’en sais rien. Peut-être faut-il à la base posséder de la magie.

— Comment pourrais-je vérifier que j’en ai ?

— Je vais te parler avec mon esprit. Dis-moi si tu m’entends.

Napashni lui transmit alors un court message destiné à la faire bondir afin d’être certaine qu’elle ne ferait pas semblant de le recevoir. Je suis amoureuse d’un Scorpena, déclara la mère dans sa tête.

— Alors ? demanda la prêtresse au bout d’un moment.

— Rien du tout…

— Ne t’en fais pas, petite fleur. Moi aussi j’ignore ce que je peux accomplir. Nous apprendrons ensemble à utiliser ces nouvelles facultés.

— Tu as raison.

Lorsque l’obscurité enveloppa le continent, les Mixilzins regagnèrent leur lit et s’endormirent en écoutant le martèlement de la pluie sur le toit.

Au matin, Ayarcoutec fut la première à se réveiller. Elle battit des paupières et ressentit un curieux pincement au milieu de son corps. Elle se redressa lentement. « Est-ce l’avertissement dont maman a parlé ? » se demanda-t-elle. Elle glissa sur le sol et enfila ses vêtements. Napashni dormait à poings fermés, alors il s’agissait sans doute d’une fausse alerte, mais la petite voulut en avoir le cœur net. Elle empoigna solidement son javelot et s’aventura dehors.

Solidement campée sur ses jambes, l’arme tendue devant elle, Ayarcoutec entendait protéger son territoire, comme une véritable guerrière. La crampe dans son ventre était de plus en plus douloureuse, mais, curieusement, elle ne se sentait pas menacée. Le feuillage bougea à quelques mètres devant elle. « J’avais raison ! » songea-t-elle. Elle plia les genoux et se prépara à projeter sa lance, lorsqu’un fauve émergea des fougères.

— Cherrval ! lança Ayarcoutec en laissant tomber le javelot.

Le Pardusse déposa le gros panier d’osier qu’il transportait et reçut l’enfant dans ses bras.

— Tu es vivant !

— Evidemment, sinon je ne marcherais pas.

— Mais tu étais presque mort !

— Les Chevaliers Santo et Bridgess m’ont si bien soigné que je m’en suis sorti pas si mal.

— Qu’est-ce que tu fais dans la forêt sous cette pluie détestable ? Pourquoi n’es-tu pas resté au chaud et au sec au palais ?

— Parce que mes amies Mixilzins me manquaient.

— Nous allons sûrement avoir besoin de tes talents pour retrouver le Roi Onyx qui se cache quelque part. As-tu eu de la difficulté à nous retrouver ?

— Pas vraiment. J’ai suivi l’odeur de votre feu.

— C’est la seule façon de se réchauffer, ici. Je préférais la vie sur les volcans.

— Moi, j’ai appris qu’on peut être bien partout, si on fait l’effort de voir les beaux côtés de chaque endroit, lui confia Cherrval.

— J’ai beau chercher, je n’en vois pas.

— Alors, c’est que tu ne regardes pas assez loin.

Ayarcoutec le serra avec affection, même si son pelage était tout mouillé.

— Avez-vous retrouvé la femme Chevalier ?

— Avec l’aide de la déesse Anyaguara, Wellan et Hadrian ont découvert l’entrée de la grotte où le tigre la gardait prisonnière.

— Allez-vous passer toute la journée sous la pluie ? fit Napashni sur le seuil de la maison.

— Regarde qui est là, maman ! s’exclama joyeusement la fillette.

Cherrval souleva une fois de plus le panier en mordant dans son anse et le transporta à l’intérieur. Il le déposa devant la prêtresse, puis se coucha près du feu.

— C’est Lady Kira qui vous envoie tout ça, expliqua-t-il.

Napashni s’agenouilla devant ce deuxième cadeau providentiel et y trouva toutes sortes de denrées alimentaires.

— C’est très gentil de sa part.

Elle découvrit du pain, du fromage et des fruits, qu’elle partagea avec sa fille et leur invité.

— Cherrval était en train de me raconter la libération de la femme enlevée par le tigre, fit Ayarcoutec après avoir avalé une bouchée de pain.

— Est-elle saine et sauve ? s’enquit Napashni.

— Wellan est persuadé que oui, mais elle a refusé de revenir avec ses sauveteurs, les informa le Pardusse. Elle a préféré suivre son ravisseur.

— Pourquoi ? s’étonna l’enfant.

— Il a peut-être été galant avec elle.

— Mais elle venait de se marier !

— Le cœur n’est pas toujours facile à comprendre, ma petite.

Ayarcoutec alla s’asseoir entre les pattes de l’homme-lion et s’appuya le dos contre lui.

— Le mien est simple, affirma-t-elle.

Napashni leva les yeux au plafond pour la contredire.

— Je n’aimerai jamais personne d’autre que maman et toi… et Onyx. Sais-tu où il est ?

— Plusieurs rumeurs circulent au palais, mais personne ne le sait vraiment.

— Qu’est-ce qu’on dit ?

— Tu es trop curieuse, Ayarcoutec, lui reprocha la mère.

— J’étais comme elle, quand j’étais un lionceau, s’attendrit Cherrval. La soif de connaître n’est pas un défaut.

— Alors, qu’est-ce qu’on dit ?

— Certains prétendent qu’il est retourné à Enlilkisar pour se bâtir une nouvelle vie.

— Il aurait été plus simple de l’y attendre, soupira l’enfant en décochant un regard chargé de reproche à sa mère.

Napashni ne réagit pas à sa pointe.

— D’autres disent qu’il s’est isolé sur les terres gelées du Nord.

— Gelées ? répéta Ayarcoutec, effrayée.

— Il y en a aussi qui affirment qu’il s’est réfugié dans un monde parallèle.

— Un quoi ?

— Un endroit auquel seuls les dieux ont accès.

— Mais pourquoi fuit-il ?

— Il arrive, dans un couple, que les choses ne fonctionnent plus et que l’un des deux époux demande à l’autre de partir.

— La reine l’a chassé ? voulut s’assurer Napashni.

— C’est ce que racontent les Chevaliers qui m’ont soigné.

Les trois compagnons mangèrent sans dire un mot pendant un moment. Chacun pensait sans doute à son avenir.

— Je croyais que vous étiez rentrées à Enlilkisar, mais Lady Kira m’a annoncé que vous viviez dans la forêt au nord du château.

— Comment sait-elle que nous sommes ici ? s’étonna la prêtresse.

— C’est une puissante magicienne.

— Onyx n’est donc pas le seul à pouvoir faire des choses mystérieuses, comprit Ayarcoutec.

— Les Chevaliers disent qu’il est plus fort qu’eux.

Le tonnerre se mit à gronder et l’enfant se colla davantage contre son ami Pardusse.

— Tu ne dois pas avoir peur des orages, petite fille, la réconforta Cherrval. Ils annoncent seulement un changement de température.

— Il n’y en a jamais chez les Mixilzins…

— Parce que vous vivez au-dessus des nuages, mais ailleurs, ils sont fréquents.

Napashni demeura muette sur le sujet. Elle n’avait pas peur du tonnerre, mais elle savait que les éclairs allumaient parfois de terribles incendies. Lorsqu’elle était petite, elle avait vu le feu ravager la forêt à la frontière du pays des Tepecoalts et de Djanmu. Toutefois, l’odorat de la guerrière étant très fin, elle se savait capable de réagir promptement si la foudre venait à tomber à Émeraude.

— Qu’avez-vous l’intention de faire, maintenant ? voulut savoir le Pardusse.

— Survivre dans cette étrange contrée, répondit Napashni.

— En réalité, nous attendons le retour d’Onyx, ajouta Ayarcoutec.

— Et s’il ne revient pas ?

— J’imagine que nous le traquerons, n’est-ce pas, maman ?

— S’il est un grand sorcier et qu’il a décidé que personne ne découvrirait sa cachette, ne serait-ce pas une pure perte de temps ? raisonna Napashni.

— Je pourrais vous aider à le retrouver, offrit Cherrval.

— Nous prendrons cette décision au début de la saison chaude, car on nous a promis qu’il y en aurait une.

Ils passèrent toute la matinée à bavarder. Ni le Pardusse, ni les Mixilzins ne pouvaient retourner dans leurs pays respectifs. Ils s’étaient donc résignés à chercher fortune ailleurs. Lorsque l’orage cessa, Napashni annonça qu’elle voulait se délier les jambes et essayer l’arme que lui avait offerte son père. Habituellement, Ayarcoutec la talonnait pour participer à toutes ses parties de chasse, mais cette fois-ci, elle resta pelotonnée contre son ami lion.

— Je suis bien ici, au chaud, expliqua-t-elle en apercevant le regard interrogateur de sa mère.

— Je ne serai pas partie longtemps.

Napashni passa la bandoulière du carquois par-dessus sa tête et empoigna l’arc. Elle ne revêtit pas sa cape, car celle-ci aurait gêné ses mouvements, et affronta la pluie. Elle tira ses premières flèches dans une clairière, visant l’énorme chêne qui la bordait. Dès qu’elle aurait acquis plus d’habileté, Napashni choisirait des cibles plus petites. Elle aurait bien aimé qu’un archer chevronné lui enseigne le maniement approprié de cette arme, mais sans aucune aide, elle fit de son mieux. Tous ses projectiles se fichèrent dans l’écorce, sauf le dernier, qui manqua le tronc et se perdit dans la végétation. Napashni allait faire un pas pour reprendre ses flèches lorsqu’elle entendit une plainte déchirante. Elle avait touché quelque chose de vivant.

Sans perdre une seconde, la Mixilzin fonça en direction des lamentations et trouva un gros chat marron couché sur le flanc, la tige de bois planté dans son épaule. Pour mettre fin aux souffrances de l’eyra, Napashni sortit son poignard de sa ceinture et s’agenouilla près de sa tête. Elle savait où se trouvait l’artère qu’il fallait sectionner pour tuer rapidement un animal. Elle leva donc le bras mais stoppa son geste en voyant le fauve se métamorphoser en être humain !

— Pitié… hoqueta la femme aux cheveux roses.

Napashni ne comprenait pas la langue de la pauvre victime, mais sa voix implorante ne la laissa pas indifférente. Elle rengaina son couteau et examina la plaie. Puisqu’il était impossible d’arracher la pointe acérée sans provoquer une hémorragie, la guerrière souleva la femme eyra et la ramena chez elle.

— Maman ? s’inquiéta Ayarcoutec en la voyant rentrer avec un gibier humain.

— C’est un accident, expliqua Napashni en posant la femme blessée sur son lit.

— Est-ce qu’elle est morte ?

— Non, mais elle perdra la vie si nous ne faisons rien.

— Tu sais comment la guérir ?

Les Mixilzins n’avaient pas l’habitude de soigner les bêtes qu’ils abattaient.

— Est-ce que tu peux faire apparaître de la lumière dans tes mains comme Santo ?

Onyx prétendait que oui, mais Napashni n’avait jamais tenté l’expérience. Le Roi d’Emeraude lui avait également dit que le feu qui sortait de ses paumes pouvait tout autant tuer qu’apaiser les souffrances.

— Je ne maîtrise aucun de mes pouvoirs, Ayarcoutec. Je vais devoir utiliser ce que nous avons ici et prier pour qu’elle s’en sorte.

— Est-ce une Ipocane ? s’enquit l’enfant en caressant les cheveux roses de l’étrangère.

— Je ne crois pas. Elle n’est pas couverte d’écailles.

Napashni fit chauffer de l’eau et se nettoya les mains pour éviter d’infecter la plaie. Elle revint vers sa patiente en espérant ne pas causer une hémorragie lorsqu’elle retirerait la flèche de sa chair.

— Ne la touchez pas ! ordonna une voix de femme.

La prêtresse fit volte-face, mais ne vit que Cherrval et Ayarcoutec, tout aussi surpris qu’elle.

— Maman, derrière toi ! l’avertit la fillette.

Napashni sursauta en apercevant Anyaguara agenouillée près du lit.

— Sois brave, ma chérie, murmura-t-elle à l’inconnue.

Elle agrippa solidement la tige de bois et, d’un coup sec, l’arracha de l’épaule de Myrialuna, qui poussa un terrible cri de douleur. Puis, Anyaguara appliqua ses deux paumes sur la blessure. La maison des Mixilzins s’éclaira d’une lumière si vive que ses occupants durent se protéger les yeux.

— Anya, tu es venue à mon secours, murmura la blessée.

La sorcière cueillit sa fille adoptive dans ses bras et la serra en ronronnant.

— Que fais-tu aussi loin de chez toi, Myrialuna ? Et comment t’es-tu blessée ?

— J’étais en route pour le palais de ma sœur quand une llèche a jailli de nulle part. Cette gentille personne m’a ramenée chez elle.

— Je vous en serai éternellement reconnaissante, Napalhuaca.

— C’est Napashni, désormais.

Cette révélation sembla légèrement ébranler la sorcière.

— Depuis combien de temps connaissez-vous votre véritable identité ? voulut-elle savoir.

— Depuis quelques lunes, mais je ne sais pas encore comment faire appel aux pouvoirs que je suis censée posséder. Je ne comprends même pas ce que vous dit cette femme.

— Elle n’a pas reçu le sort que vous nous avez jeté, intervint Cherrval.

— Si ce n’est que ça…

Napashni et Ayarcoutec ressentirent un curieux picotement’sur leurs tempes.

— Maman ?

— N’aie pas peur, mon petit rayon de soleil.

— Désormais, vous comprendrez la plupart des langues du monde connu, les informa la sorcière.

— Merci, Anyaguara.

— Qui est Napashni ? demanda Myrialuna en se décollant de sa mère adoptive.

Puisqu’elle avait appris à se métamorphoser depuis son plus jeune âge, la femme eyra savait comment conserver ses vêtements lorsqu’elle reprenait sa forme humaine. Toutefois, son casaquin avait été abîmé sur l’épaule par la flèche de la guerrière. Le lainage saumon était déchiré et taché de sang.

— C’est la fille d’Abussos et de Lessien Idril, répondit Anyaguara.

— Je suis au ciel ?

— Mais non ! la désappointa Ayarcoutec. Vous êtes dans notre maison.

— Napashni n’a que tout récemment découvert qui elle est vraiment, ajouta la sorcière.

— Je suis responsable de votre blessure, Myrialuna, avoua la prêtresse en s’agenouillant timidement devant elle. Je commence à utiliser une nouvelle arme et j’ai manqué ma cible. Je ne savais pas que vous étiez derrière l’arbre que je visais.

— C’était un accident, comprit la femme aux cheveux roses.

— Vous auriez pu mourir.

— Mais je suis toujours vivante.

Napashni releva lentement la tête, étonnée de ne pas percevoir d’agressivité dans la voix de sa victime. Elle arborait même un large sourire.

— Pour faire pardonner mon étourderie, j’offre de vous escorter jusqu’à votre destination, fit la Mixilzin, repentante.

— C’est très gentil, mais sous mon apparence féline, je me déplace beaucoup plus rapidement que vous.

— Pourquoi éprouves-tu le besoin de rendre visite à Kira en pleine saison des pluies ? s’enquit Anyaguara.

— Pour lui annoncer une grande nouvelle.

— Kira est votre sœur ? s’étonna Napashni.

— Elle a deux ans de plus que moi. J’ai aussi un frère. Je ne le vois pas souvent, parce qu’il parcourt le continent avec sa douce et qu’il ne s’arrête pas souvent dans sa famille.

La sorcière plaça doucement la main sur l’abdomen de Myrialuna.

— Je crois avoir deviné ce que tu veux annoncer à Kira, fit-elle en souriant.

— C’est quoi ? demanda innocemment Ayarcoutec.

— Je vais avoir des bébés !

— Plus qu’un ?

— J’ai eu six filles, la première fois, alors je suis pas mal certaine qu’il y en a encore plusieurs dans mon ventre.

L’enfant dirigea un regard interrogateur vers sa mère.

— Il arrive qu’une femme mette au monde deux ou trois enfants en même temps, expliqua Napashni. C’est déjà arrivé dans notre village, quand j’étais petite.

— Il est encore trop tôt, je pense, pour déterminer leur sexe, ajouta Myrialuna. À moins qu’une grande magicienne que je connais ne le sache déjà.

— Ce sera trois garçons, affirma Anyaguara.

La sorcière se tourna vers Napashni.

— Merci pour votre intervention et votre hospitalité, fit-elle en s’inclinant avec respect. Afin de m’assurer que mon petit eyra atteigne sa destination sans encombre, c’est moi qui l’accompagnerai. Que les dieux vous protègent.

Anyaguara prit la main de Myrialuna. Elles disparurent aussitôt sous les yeux de leurs hôtes.

— C’est comme ça que nous devrions nous déplacer ! s’exclama Ayarcoutec, émerveillée.

— Encore faudrait-il que je sache comment mettre cette magie à mon service, se découragea la mère.

— Quand la sorcière reviendra, nous n’aurons qu’à lui demander de nous donner aussi ce pouvoir.

— Elle peut jeter des sorts, précisa le Pardusse. Elle ne peut pas vous donner des facultés que vous n’aviez pas à la naissance. Il n’y a que les dieux fondateurs qui puissent exercer cette prérogative.

— Parle-moi d’eux, Cherrval !

Ayarcoutec alla s’asseoir entre ses pattes.

— Dis-moi tout ce que tu sais.

— Je vais aller chercher mes flèches, les prévint Napashni.

La guerrière sortit une fois de plus sous la pluie en réfléchissant à ce qui venait de se passer. Il lui fallait trouver un endroit plus à découvert pour pratiquer le tir à l’arc, afin de ne plus blesser personne.

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